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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog symposium 1 2 3 > >> 29 juillet 2017 6 29 / 07 / juillet / 2017 00:52 l'enfant jésus et la lecture dans la sainte famille repost 0 published by aristarque - dans album 6 juin 2017 2 06 / 06 / juin / 2017 23:22 jean david saban guetteur de l'ombre jean david saban guetteur de l’ombre par michel wiedemann président de l'estampe d'aquitaine jean david saban, graveur d’abord, puis peintre, arrive à l’âge où une rétrospective lui est consacrée au musée raymond lafage de lisle sur tarn du 18 mars au 5 juin 2017. c’est l’occasion de faire le point sur cet artiste qui trace sa voie dans les alentours de toulouse et dont l’œuvre est bien plus étendu que les quelque soixante gravures déposées la bnf. 1. origine s né à toulouse le 30 juin 1959, jean david saban est issu avec ses deux sœurs de la rencontre de deux lignées. celle des saban remonte à un grand’père venu d’istambul à marseille, arrivé sans rien. ses trois fils développent les tricots saban, distribués jadis dans de nombreux magasins du midi de la france. du côté maternel, on trouve dans une lignée de journalistes, un personnage marquant, le grand-père jules lespine (né le 15 juillet 1892, toulousain, juriste qui fut journaliste depuis 1909, puis avocat, puis magistrat à villefranche de rouergue et à rodez, tout en parlant à la radio de toulouse-pyrénées et en écrivant dans le télégramme , journal républicain catholique [1] . eduqué dans des établissements privés catholiques de toulouse, à ste marie de nevers et à sainte-barbe, son petit-fils jean david saban habite la maison familiale de la rue des puits creusés, copie des comics , dessine beaucoup, s’ennuie à l’école sans perdre ses inquiétudes, arrive au baccalauréat en 1980 et se cherche un métier dans l’art au lieu du droit que lui suggérait sa famille. 2. formation à l’école des beaux arts de toulouse il choisit l’école des beaux arts de toulouse et obtient le soutien de sa famille bourgeoise malgré la mauvaise réputation de l’établissement. il était de la première promotion qui devait passer un examen écrit d’entrée à l’école. suivirent deux ans de tronc commun voués aux cours d’histoire de l’art, de publicité, de calligraphie, de sculpture, de graphisme, mais tout cela était cursif. la plupart des élèves étaient éjectés à la fin de la première année. depuis ce temps, tout a changé : on a aligné l’école des beaux arts sur l’université. l’école de toulouse avait produit deux prix de rome en gravure, claude durrens en 1952 et jacques muron en 1983. jean david saban avait aimé la sculpture qu’enseignait un professeur italien, zavaroni, mais il y fallait un atelier et un matériel considérable. la gravure demandait une table et quelques outils, il choisit cette option sans savoir en quoi elle consistait au juste. car au milieu de ce laisser-aller, il y avait un endroit de l’école où cinq ou six élèves avaient l’air de travailler, c’était l’atelier de gravure de rené izaure (vicdessos 1929 - † pau, 30 janv. 2014), collègue, puis successeur de louis louvrier. saban y est accueilli fort froidement et à l’essai : il avait eu le tort d’avouer son goût pour la bd, caricature du dessin pour izaure. beaucoup d’élèves ne voyaient pas le caractère extraordinaire de cet homme et partaient en colère en claquant la porte, recevant toujours des reproches. izaure en convenait : « quand ça va bien, je ne dis rien. » saban est resté et s’est laissé critiquer. izaure disait à propos des aquarelles de son élève, qui commençaient à se vendre chez les encadreurs : « saban, ça ne vaut rien, mais si vous vous laissez guider, je vous mènerai là. » ses exemples, il les prenait chez rembrandt, chez goya, chez picasso, chez giacometti et il poussait ses élèves à étudier les grands. il a donné à ses élèves « des milliers d’heures de discussions passionnées et passionnantes sur l’art, la vie, la mort...nous ne savions pas alors qu’izaure nous transmettait là, l’essence de son enseignement, de sa philosophie, de son expérience et de sa force. [2] ». « tout devenait enseignement, il nous préparait aux difficultés de la vie. il nous encourageait à devenir nous mêmes. … il avait une petite voix très polie, très douce, mais il vous balançait des trucs, que vous n’entendrez jamais d’un critique d’art ou d’un galeriste [3] », parce qu’il y a dans ce milieu de l’hypocrisie et des euphémismes. mais il fallait accepter de subir ces critiques frontales pour recevoir de lui « l’essentiel, l’humilité, la persévérance, la foi… » izaure ne croyait pas à l’inspiration, « c’est le travail qui donne l’inspiration [4] », disait-il. les relations changeaient avec le temps, la confiance entre le maître et l’élève naissait peu à peu. la curiosité d’izaure s’étendait à la philosophie et à la peinture chinoises, et au zen que pratiquait son élève. qu’un occidental s’adonne dans toulouse à une technique orientale l’intriguait. un maître zen revient toujours vers la correction de la posture du bouddha, condition de tout progrès. de même izaure répétait sans arrêt les fondamentaux, la construction du dessin, les méthodes de l’eau-forte et du burin. c’était une leçon invariablement répétée. « il nous donnait le métal seulement quand on lui présentait un dessin qui était déjà une gravure. » les élèves faisaient leurs expériences et ouvraient les bouteilles d’acide l’après-midi quand le maître n’était pas là. 3. influences l’admiration de saban allait dans sa jeunesse au dessinateur de b.d. mœbius, alias jean giraud (1938-2012), puis à rembrandt pour la liberté du trait dans le dessin, à turner, son modèle en aquarelle, à goya, à nicolas de staël pour la couleur, pierre tal coat pour la peinture à l’huile. angoissé par ses débuts en gravure, saban éprouvait le besoin d’une préparation physique et mentale à la gravure. il avait essayé le judo, le karaté, le yoga, mais ces disciplines ne l’avaient pas satisfait. une adepte du zen l’a amené à essayer ce rite oriental immuable. le zen, ce n’est pas une religion, ni du bouddhisme traditionnel, encombré de rites et de liturgies. c’est une pratique réduite à un minimum : s’asseoir une heure en silence face au mur, avec ou sans enseignement, faire ensuite une courte marche, suivie d’une demi-heure de posture assise, et du chant d’un sutra en sanscrit. devant le mur, on ne peut arrêter les pensées qui surgissent du cerveau, mais on les laisse passer comme des nuages. c’est une expérience qui dérange, où saban a rencontré des difficultés morales énormes, mais il a persévéré et pratiqué zazen pendant quinze ans. il se levait à six heures pour être à la méditation du matin, revenait à midi et le soir. ce zèle pouvait faire penser à une secte, mais ce qui le rassurait, c’est que des membres plus avancés dirigeaient la séance à tour de rôle en toute humilité. saban en est toujours sorti apaisé, mais sans envie de faire corps avec d’autres pratiquants. il y découvre la philosophie orientale et les haikaï. il rencontre là le responsable du dojo zen de toulouse, jean claude gaumer, moine zen et peintre sous le nom de jean-claude reikai vendetti, qui l’initie à la peinture acrylique. la pratique du zen l’emportait chez jean claude gaumer sur toute autre chose et la peinture était pour lui secondaire. il a créé en 1991 le groupe bonaventure, réunissant des artistes adeptes du zen pour exposer dans les dojos. « on demandait aux artistes d’abandonner quelque chose, de donner plus que de recevoir, de mettre leur art au service de la promotion du zen [5] ». huit expositions se sont ainsi succédé. atteint d’un cancer, jean-claude gaumer lutte contre la maladie et la douleur avec une dignité exemplaire, les couleurs de ses tableaux deviennent plus éclatantes. sa mort laisse au disciple qui a connu au fil des ans, « son humour, sa joie contagieuse, sa sagesse, … un immense sentiment de gratitude et de reconnaissance [6] . » après le zen, saban a rencontré la poésie de guillevic, devenu un de ses piliers. en réponse